” Miroir, miroir, dis-moi qui est le roi des virus ? ” Non, non, non, rien à voir avec un quelconque règne. 2019-nCov est un virus à ARN de la famille des coronavirus. Cette catégorie doit son petit nom à la disposition en couronne d’une de ses protéines de surface, visible en microscopie.

Les coronavirus : pas des inconnus

Les coronavirus on les fréquente déjà. De nombreux rhumes ne sont en fait que la manifestation clinique de leur présence dans notre organisme. D’ailleurs, sur les 6 membres jusque là identifiés attaquant (lâchement) les humains, 4 sont responsables de syndromes respiratoires bénins, bien que désagréables. On pensait donc que ce type de virus n’était pas dangereux pour l’homme. C’était sans compter dans les années 2000 sur l’apparition de 2 autres membres plus coriaces : le SRAS et le MERS.
Depuis l’émergence de ces deux derniers, l’idée que ces virus peuvent être plus agressifs a fait son chemin. Ils sont donc plus surveillés. Et le petit dernier, « 7e merveille » de la famille, semble vouloir faire parler de lui.

Les coronavirus adorent les mammifères et les oiseaux. Les chauves-souris sont connues pour être un réservoir courant. Des dizaines de virus comme la rage, Ebola ou plusieurs coronavirus peuvent même y être hébergés sans qu’elles soient malades !
Elles étaient déjà à l’origine du virus du SRAS. Et comme les séquences d’ARN du SRAS de la chauve-souris (et non celui de l’humain) et du 2019-nCov se ressemblent, leur implication fait peu de doute.
Mais elles ne peuvent pas être directement responsable. Pourquoi ? D’abord, car leurs ARN se correspondent à moins de 90 %. Donc il y a eu pas mal de mutations intermédiaires. Ensuite, à cette époque-là, la chauve-souris hiberne… donc peu de contacts probables avec l’homme. Enfin, pas de ventes de chauve-souris sur le fameux marché qualifié de zone de contamination initiale.
Un autre animal intermédiaire semble donc coupable ? Oui, comme dans le cas du SRAS (où il s’agissait de la Civette de palmier) ou celui du MERS (avec le dromadaire).

Sauts d’espèces et mutations

Comme tout virus, lors de sa duplication pour chaque nouvelle cellule infectée, la copie de son ARN ne se fait pas sans erreurs. Et c’est ce phénomène de mutations aléatoires qui peut être dangereux. En effet, déjà ce processus peut permettre au virus de franchir la barrière des espèces en trouvant la bonne clé d’entrée dans les cellules des différents mammifères.
Ensuite, au fur et à mesure de la contamination d’individus d’une même espèce, le risque de voir apparaître un mutant plus dangereux augmente. C’est mathématique : plus il se multiplie, plus il y a de mutations aléatoires, plus le virus se modifie et peut devenir plus dangereux.

Comment en est-on arrivé là ?

Chronologie de l'apparition du 2019-nCov

2 théories sur la chronologie des évènements.
Scénario 1 : un coronavirus de chauve-souris a muté. Il contamine un autre mammifère au sein duquel il mute encore. Cette espèce infectée a été vendue vivante ou sa viande a été consommée (crue ou peu cuite) sur le marché de Wuhan. Par ce biais, le virus a contaminé sur place un ou plusieurs humains. Puis il a continué sa multiplication et ses mutations pour se propager au sein de la population.

Scénario 2 : On part toujours de la chauve-souris avec l’émergence d’un nouveau coronavirus qui se propage à une autre espèce de mammifère. Cette espèce se retrouve au contact de l’homme et arrive à franchir la barrière. Une ou plusieurs personnes infectées se retrouvent sur le marché de Wuhan et c’est le début de l’épidémie.

Tant qu’on n’aura pas identifié l’animal intermédiaire, on ne pourra pas savoir exactement quel scénario est le plus probable. La chine étant encore un pays où les hommes ont des contacts proches avec des animaux (sauvages ou non), et où les animaux vivent à proximité les uns des autres, le terrain est propice au franchissement des barrières inter-espèces.

Le 7e membre : 2019-nCov

Si vous avez une petite préférence pour le format vidéo, je vous invite à découvrir le vlog de Tania sur le coronavirus. Oui, oui, 45 min de vidéo, mais, au moins vous ferez un tour d’horizon du sujet.

Sketchnote 2019-nCov

Pour un résumé rapide :

  • il s’agit d’un virus à ARN de la famille des coronavirus
  • les symptômes qu’il provoque ressemblent à s’y méprendre à ceux de la grippe. Chez un individu en bonne santé, ils sont bénins. En revanche, certaines complications plus sérieuses pouvant provoquer jusqu’au décès chez les personnes âgées ou ayant des pathologies sous-jacentes.
  • Sa persistance dans un milieu inerte sec est de 3h, ce qui limite le risque de contamination par les surfaces (non vous ne risquez rien à ouvrir un colis en provenance de Chine). En milieu humide, il semble plus résistant.
  • Il trépasse à 90°C, raison de plus pour cuire sa viande !
  • On estime son taux de mortalité (le rapport entre le nombre de décès et le nombre de personnes infectées) à environ 2 %. Mais il pourrait être beaucoup plus faible. Car, étant donné que les symptômes provoqués peuvent être bénins, il est probable que toutes les personnes contaminées n’aient pas été comptabilisées.
  • On estime son R0, c’est à dire le nombre de personnes contaminées par un malade entre 1,5 et 3,5. Ce chiffre est un indicateur théorique. Il est difficile à établir en début d’épidémie (les experts estiment que le pic de contamination ne sera que pour milieu du printemps). Pas de quoi paniquer cependant. En comparaison, la polio a un R0 de 6 et la rougeole de 15 !

D’autres caractéristiques sont encore inconnues :

  • à partir de quand les patients sont contagieux (en phase d’incubation ou uniquement dès la phase symptomatique ?)
  • durée d’incubation ?
    etc.

Suivre l’évolution de l’épidémie 2019-nCov

Vous pouvez par ailleurs suivre en temps réel l’évolution de l’épidémie grâce à l’Université Johns Hopkins et son Center for systems science and engineering (CSSE) qui indique le nombre de cas de contamination, de décès mais aussi de guérisons en synthétisant les chiffres officiels de l’Organisation mondiale de la Santé, des Centres de contrôle et de prévention des maladies (aux États-Unis) et de la commission nationale de la santé de la République populaire de Chine et de Dingxiangyuan.

Développement de médicament

2019-nCov est un virus, il n’est donc absolument pas sensible aux antibiotiques ! La découverte de traitement rapidement permettrait de stopper l’épidémie et ainsi d’enrayer l’émergence d’un mutant encore plus dangereux.
Pour cela, un laboratoire lyonnais (VirPath) est mobilisé 7 jours sur 7 pour trouver dans la pharmacopée existante un traitement. Leur approche est originale : exploiter les effets secondaires de certains médicaments. En effet, lors de précédentes crises sanitaires (comme H1N1, Ebola, Zika…) ils ont par exemple identifié qu’un médicament initialement utilisé contre l’hypertension avait des effets contre toutes les souches de grippe !
Ils n’en sont pour le moment qu’à la première étape : dupliquer le virus isolé de patient atteint afin de disposer d’assez de matériel pour tester l’effet de certains médicaments.

On n’a pas les Simpsons, mais Astérix et de l’humour…

La série les Simpsons est souvent mises en avant pour son côté prémonitoire… et si ce coup-ci la BD française leur piquait la vedette ?
Dans Astérix chez les Transitalique en 2017 Astérix et Obélix affrontent lors d’une course de chars le redoutable pilote Coronavirus encore invaincu. Mais, rassurez-vous, à la fin, ce n’est pas lui qui gagne !

Quant à l’humour, on a vu apparaître le Htag #ContamineUnTitre sur twitter. Pour dédramatiser, les internautes sont invités à faire un jeu de mots ou un calembour sur le coronavirus avec un titre de film, de chanson, ou une expression connue.

Vous l’aurez compris, ce virus est à prendre au sérieux, mais pas de panique pour nous en France pour le moment. Occupons-nous plutôt de la grippe qui tue encore sur notre territoire, car nous sommes en pleine épidémie !

Pour aller plus loin

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