Les cours de microbiologie ne passionnent pas forcément les foules. Couler un milieu dans une boîte et y déposer (ensemencer) des bactéries, pour faire ensuite des déductions, n’est pas forcément le cours préféré des étudiants.
Alors changement de vision. Et si, au lieu de reproduire uniquement des pratiques uniformes, on tentait une expérience : la peinture avec des micro-organismes.
Une bonne dose de rigolade et d’originalité qui n’enlève rien à l’aspect scientifique. La rigueur scientifique doit être associée à l’imagination pour que les œuvres naissent. Ce n’est qu’après la pousse des organismes choisis que le dessin se révélera… Alors, laissez-vous surprendre !
2017 : naissance d’un art à l’échelle locale
Sandra Ferrer, du département Génie Biologique de l’IUT Paul Sabatier à Auch, cherchait « quelque chose de ludique pour passer de la théorie à la pratique ». Ni une, ni deux, l’enseignante s’est inspirée du concours organisé par la Société Américaine de Microbiologie depuis 2015.
Oubliez les toiles et les pinceaux, vive les boîtes de Pétri et les anses de platine !
Petite parenthèse sur le matériel microbiologique
Le peintre a ses toiles à la trame changeante, ses pinceaux larges, fins ou en brosses.
Le microbiologiste, lui, a pour support : ses boîtes de Petri.
Ces petites boîtes (du nom de leur inventeur Julius Richard Petri) sont cylindriques, transparentes et peu profondes. Elles peuvent être en verre ou en plastique. Elles sont munies d’un couvercle pour éviter aux microorganismes de se promener.
C’est l’élément de base pour la mise en culture de ces petits êtres. Elles seront remplies d’un liquide nutritionnel, de type gélose (milieux gélifiés), pour permettre le développement des micro-organismes étudiés.
Comme ustensiles, pas de pinceaux, mais un outil universel : l’anse de platine. Elle est constituée d’un manche, d’une tige et d’un fil rigide formant une boucle fermée à son extrémité. Elle est stérilisée à la flamme avant chaque utilisation. Elle permet de prélever les micro-organismes d’intérêt et de les déposer sur la gélose (le fameux agar).
Art décoratif : magie picturale organique
Lors du travail du potier qui réalise ses propres émaux, seule la cuisson en dévoilera les teintes, le décollement, la brillance, l’opacité ou la transparence, ou encore le tressaillage (fissures)… Un travail long et minutieux pour arriver au résultat escompté.
Ici, pas de cuisson, mais une incubation (durant 24h à 37°C généralement). Cette étape permettra aux micro-organismes, invisibles à l’oeil nu lors de leur « peinture sur agar », de pousser et de révéler leur nature (en formant des colonies = petits amas de micro-organismes visibles).
Tels les artisans-coloristes, les apprentis microbiologistes-artistes doivent sélectionner « à l’aveugle » les espèces de micro-organismes. Le choix se fait en fonction de leur couleur, de leur milieu de croissance, de leurs besoins… Bref suivant les critères scientifiques de leur développement. Ces spécificités les aideront à dessiner leur idée par touche de couleurs-colonies.
La première édition, ayant été un franc succès et intéressant particulièrement les autres enseignants du domaine, l’établissement renouvelle l’expérience en 2018. Mais elle aura lieu au niveau national.
2018 : Dessine-moi L’agar des étoiles
Un thème qui passionne tous les étudiants et qui résonne avec l’actualité cinématographique du moment ! Quoi de mieux pour motiver les étudiants ?
En équipe ou en solo, ils ont réalisé leurs premières esquisses qui guideront par transparence de la boîte de Petri leurs dépôts de « pigments vivants ».
Mais attention, les règles de sécurité de manipulation des micro-organismes sont rigoureusement appliquées. Hors de question de laisser se propager ces petites bêtes qui peuvent nous valoir quelques troubles (on pense à E. Choli ou les Salmonelles qui font parler d’elles dans quelques scandales).
Une technique scientifico-esthétique pour nos futurs impressionnistes.
Arts Déco du labo : Art Nouveau
Le jury se basera sur le respect du thème et la réalisation de l’oeuvre (et donc la technique de réalisation) pour élire les microbiologistes-artistes gagnants. 2 catégories sont proposées : pré- ou post-bac. Pas moins de 52 établissements ont joué le jeu cette année avec environ 1440 lycéens et étudiants.
Alors pour renouveler l’enseignement de la microbiologie, inventons le musée de l’Agar’Art ! Un art organique et scientifique.
Inspirons-nous de nos voisins outres-atlantiques devenus des orfèvres en la matière de l’Agar’art US.
Pour aller plus loin :
* Résultats concours national français Agar’Art 2018
* Modalités du concours 2018, si vous voulez vous préparer pour l’année prochaine !