Biomimetisme, bio’inspiration, biomimicry… ces termes fleurissent de plus en plus dans notre champ de vision… et d’action ! Mais que renferment-ils ?

Léonard de Vinci précurseur du biomimétisme

Au XVIe siècle, il écrivait déjà : « Prenez vos leçons de la nature, c’est là qu’est notre futur… ».
Il est vrai que le monde du vivant (animaux, plantes, champignons, micro-organismes, écosystèmes…) s’adapte sans cesse à son milieu de vie, aux surfaces qu’il colonise, aux conditions climatiques qu’il subit, à la compétition dans l’environnement, à la variation des écosystèmes, etc.
Toute matière première est tirée de l’environnement proche. Toute énergie est fabriquée à partir de ce qui se trouve à proximité. Tout déchet devient matière première pour un autre organisme.
Voilà de quoi nous inspirer : un bel exemple pour notre société.
L’homme n’a de cesse ainsi d’étudier la nature pour comprendre les solutions techniques qui pourraient lui être bénéfiques. Les exemples d’inspiration de la nature sont de plus en plus fréquents, et un réel engouement pour le biomimétisme ne cesse de se développer.

Conscience de l’environnement

Janine Benyus fut la première à structurer cette approche d’inspiration de la nature. Elle en propose une première définition : « Démarche d’innovation, qui fait appel au transfert et à l’adaptation des principes et stratégies élaborés par les organismes vivants et les écosystèmes, afin de produire des biens et des services de manière durable, et rendre les sociétés humaines compatibles avec la biosphère… ».
Le biomimétisme est donc une science qui permet de trouver des innovations en s’inspirant des solutions développées par les organismes vivants. Par conséquent, ces solutions sont durables et respectueuses de l’environnement (c’est bien connu, la nature n’a pas pour habitude de s’autodétruire…). Le Biomimicry américain développe cette conscience environnementale qui ne le quittera plus et deviendra en français le biomimétisme. Une traduction un peu maladroite qui induit la notion qu’on « copie la nature », alors qu’en réalité, on s’en inspire. D’où l’évolution du terme vers bio’inspiration.

Un réservoir à idée inépuisable ?

L’immense et incroyable diversité des organismes n’a pas fini de nous étonner. Elle constitue un vaste territoire encre peu exploré. Beaucoup de domaines peuvent s’en inspirer : le remplacement des énergies fossiles via la photosynthèse artificielle par exemple, la découverte de nouveaux matériaux via l’observation de l’architecture des fibres naturelles, la mise au point de nouveaux textiles, le développement de capteurs (mécano-senseurs) inspirés des insectes, la chimie verte et la bioremédiation des sols via l’observation d’organismes capables de se développer sur des sols pollués, l’agroécologie pour un nouveau mode d’agriculture, l’aérodynamique, etc.
On a tous à y gagner, quel que soit le domaine ! Et nous ne sommes pas près d’avoir tout découvert.

Une méthodologie ?

Difficile cependant de s’y retrouver sur la procédure à mettre en place pour être bio’inspiré ! Que faut-il faire ? Étudier chaque organisme pour en explorer tous les secrets ? Partir d’un problème et regarder comment les organismes vivants s’y adaptent ? Se baser sur les recherches fondamentales des botanistes, zoologiste et autres chercheurs du vivant ?
Pas simple d’envisager le problème sous tous les angles. D’autant plus que la bio’inspiration implique divers univers.
Le design et les Arts et Métiers ont mis leur grain de sel (et d’imagination) là-dedans. De plus en plus de thèses (en cours ou finalisées) se développent sur la méthodologie pour la conception d’innovation bio’inspirée et le développement d’outils structurants par exemple.
De quoi donner quelques idées sur le processus à mettre en place pour être bio’inspiré.

Bio’mim & TIC

@Ceebios

Par ailleurs, on assise à l’émergence d’entité d’un nouveau genre. Le Ceebios (Centre européen d’Excellence en Biomimétisme) à Senlis, est un centre de développement économique et scientifique. Il comporte quatre pôles d’activité : un pôle recherche, un business campus, un centre des congrès/conférences, un pôle formation. Une entité totalement transdiciplinaire qui mélange recherche fondamentale, sciences de l’ingénieur, technologies et entreprises.
Depuis 3 ans, tous ceux qui cherchent à innover, dans le respect de l’environnement, en s’inspirant de la nature, quelle que soit leur discipline se retrouvent au Ceebios lors du Biomim’expo. Ce rassemblement est à destination de toute personne intéressée ou impliquée dans le biomimétisme (chercheurs, ingénieurs, politiques, industriels, financiers, centres de recherche, écoles, universités, etc.).
Un lieu d’échange multiculturel, et pluridisciplinaire pour faire avancer les choses. Cette rencontre permet de décloisonner les disciplines et de changer de regard sur le monde qui nous entoure pour les innovations de demain.
Un concours (Biomim’Challenge) est même proposé aux étudiants pour développer un nouveau concept de biomimétisme.

Et la place du médiateur dans tout ça ?

La plus belle des réussites d’une action de médiation, c’est quand le public s’empare du sujet, à envie d’aller plus loin, d’en savoir plus. Cela se produit à plusieurs niveaux. Nos actions de médiation sur l’observation de la nature permettent aux jeunes pousses d’aiguiser leur curiosité et de rester ouvert à ce qui les entoure. Ce sont eux les futurs ingénieurs, découvreurs, chercheurs, industriels. À nous de leur ouvrir l’esprit (et les yeux) sur tout ce qui est possible.
Plus généralement pour tout citoyen, le médiateur, dans les projets citoyens, donne les clés pour se faire une idée sur des sujets de la vie courante. Parlons de la ville de demain, des innovations qui nous attendent, inventons avec eux ce que nous voudrions voir !

S’inspirer de la nature, n’est plus un manque d’originalité, mais bien au contraire une capacité supplémentaire pour innover.
Soyez curieux, ouvrez vos yeux et inspirez-vous de ce que vous voyez pour relever les défis de notre société.

Quant à moi, tout cela me donne une petite de jeu… affaire à suivre !

 


Pour aller plus loin :

* Ouvrage qui a rendu le biomimétisme célèbre Biomimétisme de Janine Benyus 2010 (initialement paru en 1997 aux États-Unis Biomimicry : Innovation Inspired by Nature)
* l’exposition Bio’Inspiration réalisée par le Jardin des Sciences de Dijon
* L’exposition multimédia du CNRS : Le vivant comme modèle
* Article du Muséum de Toulouse : Le biomimétisme, un concept, une philosophie plein d’avenir
* Le Biomimicry Institute
* L’association Biomimicry Europa
* Ask Nature : une base de donnée qui référence un grand nombre d’applications biomimétiques

 

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