Toujours la même question : c’est quoi ton métier ? Médiateur scientifique ? Mais ça fait quoi ? Et à part ça, tu as un vrai métier ?
Comme souvent lorsque de nouveaux métiers émergent, ils souffrent d’un manque de reconnaissance et de définition précise. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Quelles sont leurs compétences ?
Après votre lecture, normalement, vous devriez enfin savoir ce que fait un médiateur scientifique !!

Un travail d’omniscience

L’ESTIM-Ecole de la médiation (ESTIM-EDM) a bénéficié d’un financement Investissements d’Avenir dans le cadre du programme « Égalité des chances et promotion de la culture scientifique ». Leur objectif était de développer un espace de formation professionnelle continue à destination des médiateurs et animateurs scientifiques en France. Mais avant de pouvoir leur proposer des formations qui correspondent à leurs besoins, encore faut-il définir leur métier et ses ramifications.
Jusque-là, il n’existait pas de fiche de compétences clairement établie pour un profil de médiateur scientifique. Chaque organisme ou professionnel se rattachait à un descriptif métier plus ou moins succinct (Convention collective de l’animation, base Referens pour les fonctionnaires des universités et des musées nationaux, etc.).
Il s’agissait donc de réaliser une synthèse, sorte de socle commun de compétences, qui soit reconnu par tous.
Un peu plus d’un an d’étude plus tard (juin 2014 – octobre 2015), le Référentiel transversal Médiateur scientifique est né !

Je vous propose une petite visite succincte de la conception de ses branches.

Omniprésents

Comme vous, l’ESTIM-EDM s’est demandé où l’on croise un médiateur scientifique. Les lieux où ils se trouvent sont multiples : musées CSTI, muséum/patrimoine naturel, centre de sciences, éducation populaire, musée/site/art/histoire , tiers-lieux (fablabs, makerlab…).
Pour l’élaboration de leur référentiel, ils ont pris en considération tous les contextes professionnels, et ce, quelle que soit l’appellation employée (médiateur scientifique, animateur scientifique, chargé d’animation scientifique, chargé de médiation scientifique, etc.).

Omnigène (multiforme)

L’ESTIM-EDM a utilisé dans ses groupes de travail les techniques de Mind-mapping pour lister l’ensemble des compétences observées. Ces dernières ont ensuite été séparées suivant qu’elles étaient plutôt de type générique (comme la confiance en soi, les facilités de communication, la prise de décision, etc.) ou professionnel (coordination d’acteurs, élaboration d’un déroulé pédagogique, etc.)

Au final, ce travail a permis de mettre en avant 4 grands champs de compétences du métier de médiateur scientifique :

1) Animer des médiations

Dans ce champ, on retrouve toutes les compétences mises en avant dans l’activité face public : l’adaptation des contenus aux publics, le fait de favoriser les échanges, la maîtrise des postures de médiation, etc.

2) Concevoir des médiations

Ici, les compétences sont au service de la conception des médiations, en amont de l’animation. Une dimension plus réflexive au sein de laquelle on retrouve encore la connaissance des publics (théorique), mais aussi la dimension scientifique de l’action (concepts scientifiques à sélectionner, l’angle du sujet), ou encore des notions de pédagogie avec l’élaboration du déroulé pédagogique de l’activité.

3) Enrichir ses connaissances et ses pratiques

Le métier de médiateur n’est pas statique. Chaque nouvelle technologie, ou pratique innovante peut être détournée pour être utilisée dans des buts de médiation. Le médiateur se doit donc de savoir évaluer ses pratiques pour les faire évoluer, d’organiser sa veille pour se tenir informé, d’enrichir ses connaissances autant scientifiques que sur le public cible.

4) Gérer des projets de médiation

Certains médiateurs sont aussi responsables de la gestion globale du projet, impliquant des compétences autant comptables (dans le cadre de la définition du projet et sa planification), que de coordination des différents acteurs impliqués ou encore de communication afin que le projet rencontre le succès escompté.

Omniconvenance (fait d’être approprié, utile à tout)

Cet énorme travail donne enfin un cadre concret au(x) métier(s) de la médiation scientifique, et ce, quel que soit son lieu d’exercice. Il donne une vraie valeur de reconnaissance des compétences de ces hommes et de ces femmes grandement impliqués dans la culture scientifique.
Mais il constitue seulement une étape dans la professionnalisation des médiateurs. Il permettra à chacun de se positionner et d’envisager son évolution ou ses besoins de formation par exemple.
Encore confidentiel, il mérite que tout professionnel l’utilise et le reconnaisse à sa juste valeur. Quant à tout un chacun, sa lecture permet d’avoir une vision globale du métier de médiateur scientifique, un métier bien plus complexe et polyvalent qu’il n’y parait.
Alors qui que vous soyez : découvrez-le, scrutez-le, décortiquez-le, utilisez-le, complétez-le…


Pour aller plus loin

* Méthodologie de conception du référentiel
* Enquête sur les profils et les besoins de formation des médiateurs et de leurs encadrants (2013-2014)
* De la médiation scientifique aux sciences dans la société, 30 ans d’ambiguïtés de l’action culturelle scientifique. Oliver Las Vergnas (2016)
* En finir avec les idées reçues sur la vulgarisation scientifique. Nicolas Beck (2017)

 

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