Vouloir jouer sérieusement est un sujet très en vogue dans toutes les sphères de la société : en recrutement (RH), Team-building, formation universitaire, formation en apprentissage, enseignement, etc. Tous les formats sont passés au crible pour être détournés : des jeux de plateau, aux jeux vidéo en passant par les nouvelles modes de type Escape Game. Mais avant de se lancer dans une conception où le côté sérieux (savoir être, savoir faire ou savoir) doit cohabiter avec le ludisme, je vous invite à vous plonger dans l’univers des jeux de société pour en comprendre les bases.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Le sujet de la relation jeu et apprentissage est un éternel débat. Il fait grincer des dents certains, alors que d’autres s’y aventurent tête baissée. Mais si l’on veut déjà avoir une chance que sa création soit jouable, ce qui est tout de même le but premier, il vaut mieux se montrer curieux et se plonger dans les arcanes du jeu de société. Finalement, les autres types de jeux sont des déclinaisons des briques ludiques auxquelles on ajoute l’apport des nouvelles technologies. Le jeu comme outil à but sérieux oui, mais un jeu ludique et jouable avant tout !

Un jeu d’enfant

On invente de nouveaux jeux chaque année. Les festivals du jeu et leur prix se portent très bien. Mais en réalité, on ne fait que remixer des concepts de base, en traitant des thèmes différents, suivant des règles plus ou moins complexes.
Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il y a dans un jeu ?
Pour vous aider à le découvrir, je vous conseille d’utiliser les Mécanicartes d’Aurélien Lefrançois. En 2014, il est parti avec un projet : sillonner l’Europe afin de découvrir comment on joue et crée des jeux de société dans les pays européens. Un game trip de 4 mois avec pas moins de 8 pays traversés et des dizaines d’ateliers animés autour du jeu et de sa création. Au final, un outil polyvalent est né qui peut être utilisé de 3 façons :
1) pour l’étude des composantes des jeux de société
2) pour le développement de variantes de jeux
3) pour la création.

D’entrée de jeu : les Mécanicartes

Il est important de préciser que ces cartes font abstraction de la thématique du jeu. Elles sont donc utilisables sur n’importe quel jeu. Elles se veulent les plus complètes sans pouvoir être exhaustives. Certaines vous paraîtront très détaillées sur des points précis, alors que d’autres semblent plus floues. C’est tout à fait normal. Il s’agit d’une synthèse de sa vision basée sur ses expériences.
Elles sont publiées sous licence libre (CC). Chacun peut se les approprier (en utilisation non commerciale) et pourquoi pas en proposer d’autres.
36 cartes et 3 catégories :
* Mécaniques (bleu) : ce sont les mécanismes qui permettent au jeu de fonctionner
* Compétences (verte) : ce sont les capacités que les joueurs devront utiliser pour réussir
* Matériel (orange): ce sont tous les objets physiques présents (cartes, dés, pions, etc.)

Éclairer le jeu

À vous de jouer. Prenez un jeu de société que vous connaissez bien. Commencer par y jouer entre amis pour que tout le monde se rappelle des règles. Ensuite à l’aide des Mécanicartes, décomposez-le. Il se peut que vous ne soyez pas tous d’accord notamment sur les mécaniques. Conservez dans un premier temps les plus fondamentales.
Maintenant, faites chauffer vos neurones. Créez une variante : soit vous avez une idée et vous l’exposez en ajoutant la/les carte(s) correspondantes, soit vous tirez une carte au hasard et essayez de modifier le jeu en conséquence.

Sortez le grand jeu

Après quelques utilisations pour percer les mystères des jeux et leurs variantes possibles, ne reste plus que l’étape de création.
Là encore plusieurs façons de procéder. Soit vous tirez une carte de chaque catégorie au sort, soit vous avez une vision précise et vous prenez les cartes correspondantes. Le processus est itératif, vous n’aurez pas un jeu parfait dès le départ. Il faut procéder par essai-erreur et améliorer les choses au fur et à mesure.
À ce stade, bien que vous auriez aimé déjà avoir un visuel d’enfer, il vaut mieux rester sobre. Papier et feutres sont suffisants. Votre jeu va sûrement évoluer énormément entre son idée de base et sa version définitive. Il ne sert donc à rien de faire un visuel d’enfer au départ. Cela viendra par la suite. Et peut-être même que votre thématique initiale va elle aussi changer. Le jeu, c’est aussi ça : on sait quand on commence, mais pas comment ça va se finir !

Arriver sérieusement comme un chien dans un jeu de quilles

Vous voilà déjà un poil plus armé pour la création. En démontant les jeux de société, du plus basique au plus complexe, vous avez aperçu les mécaniques et les éléments de base qui les constituent. Un jeu n’est finalement qu’un assemblage d’une ou plusieurs mécanique(s), d’éléments et de compétences qui s’appliquent à un thème et respectent des règles.
Alors pour votre création sérieuse, éviter que vos notions arrivent comme un cheveu sur la soupe. Il vous faudra aussi accepter de revoir vos objectifs sérieux à la baisse, ou les scinder en différentes variantes.
Je vous conseille de partir de votre thème et d’utiliser les Mécanicartes soit au hasard soit de façon ciblée pour que votre jeu parte sur de bonnes bases !
Les choix seront nombreux, les variantes parfois plus fun que votre idée initiale. Agitez vos méninges et libérez votre créativité.

 


Pour allez plus loin :

* Wikipédia des Mécanicartes
* société d'Aurélien Lefrançois Prismatik
* Livre : Le travail de la gamification : Enjeux, modalités et rhétoriques de la translation du jeu au travail E. Savignac, Y. Andonova, P. Lénel, A. Monjaret, A. Seurrat
* Communication Journée d’étude « Environnements numériques pour l’enseignement-apprentissage des langues » Mars 2017 Enjeux de la conception et de l’intégration dans la classe de jeux pour l’apprentissage Mathieu Loiseau

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

%d blogueurs aiment cette page :