Aujourd’hui, nos ordinateurs ne peuvent plus se passer d’un antivirus pour lutter contre les attaques et protéger nos données. Notre corps a lui aussi droit à la protection de son identité autant que celle de nos cyberdonnées. Se faire vacciner c’est, en quelque sorte, la protection de notre intégrité.
En ce début 2018, où la vaccination obligatoire s’étend, je vous propose un petit voyage dans le monde des news et autres fake-news sur le sujet.

 
 

E-story du vaccin

Les mots ont leur histoire et parfois leur origine est étonnante. Si la curiosité vous démange et que vous cherchez l’origine du mot vaccin, vous tomberez sur une vache (attention, ça peut faire mal) : Vacca en latin. On ne connait pas le doux prénom de ce bovidé britannique qui donna son nom à cette pratique médicale fin XVIII. Mais cette vache était loin d’être folle, juste un peu malade. Une forme de variole également appelée vaccine. Une maladie qui se transmettait aussi à l’homme (sans être aussi grave que la variole humaine qui défigurait tous ceux qu’elle contaminait). Un dicton fort populaire disait alors « Si tu veux une femme qui n’aura jamais de cicatrices au visage, épouse une laitière! ». Intrigué, un médecin se dit qu’il y avait un lien : ceux qui attrapaient la vaccine auprès des vaches… étaient insensibles à la variole.
Il eut alors une idée saugrenue, il inocula à un petit garçon du pus prélevé sur une fermière contaminée par la vaccine. Trois mois plus tard, il lui inocula cette fois ci la variole (cette pratique est totalement illégale de nos jours). Le garçon ne développera jamais la maladie. Il était immunisé (sorte d’immunité diplomatique vis-à-vis d’un virus particulier). Grâce à la vaccine on le dit alors vacciné.

 
 

Ses composants

Aujourd’hui plus question de prélever des morceaux de virus pour infecter les enfants, les pratiques ont bien évolué. Finalement, notre société progresse !
Un vaccin est constitué principalement d’un morceau de la bactérie ou du virus responsable de la maladie, appelé  « substance active d’origine biologique » et d’un adjuvant, sorte de coup de pouce qui permet à coup sûr de déclencher et d’augmenter la réponse immunitaire du système au contact de la substance active. Parfois, il contient aussi des conservateurs et des stabilisants, comme dans nos aliments, pour allonger sa durée de vie.

 

Son principe (de précaution)

Les virus et les bactéries, comme les virus informatiques, ont un seul but dans leur vie : se propager en se multipliant. Pour cela, ils doivent trouver un système qui les hébergera et mettra à leur disposition tout le matériel dont ils ont besoin. Ce sont en quelque sorte des squatters qui s’installent chez vous et utilisent ce qu’ils veulent. Mais quand ils arrivent chez vous, vous ne savez pas qu’ils seront maléfiques. Ils passent en général inaperçus, trouvent une fenêtre ou une porte ouverte et se faufilent.
Notre police individuelle - notre système immunitaire ou notre pare-feu - patrouille bien à l’affut de la moindre intrusion. Mais sans aucun signalement des intrus, elle peut passer à côté.
La vaccination, semblable à l’utilisation d’un logiciel antivirus, consiste à entraîner notre système - immunitaire ou informatique - à se défendre contre certaines intrusions. On leur présente les individus potentiellement dangereux sous la forme de morceaux de virus ou de bactéries en question, et ils développent des agents spéciaux (anticorps ou lignes de codes spécifiques, selon le cas) entrainés à les reconnaitre spécifiquement.
Comme les outils technologiques ont besoin de patchs pour se mettre à jour, les organismes naïfs de nos bambins ont besoin de vaccins pour actualiser leur base d’anticorps pour se défendre.

 

La vaccination : un acte altruiste

Particuliers et professionnels, en solo ou en réseau, possèdent quasiment tous un système antivirus. Le bénéfice premier concerne la sécurisation de nos cyberdonnées, notre intégrité informatique. Mais en réalité, c’est toute la société (le parc informatique) qui bénéficie de notre protection : plus il y a de machines protégées, moins le risque de propagation d’un virus est grand.
Pour notre santé, il en est de même. Un individu unique dans un groupe d’individus vaccinés a beaucoup moins de chance de contracter ce virus que dans un groupe où seulement la moitié des individus l'est. On considère ainsi que pour lutter contre une épidémie, il faut que 95% de la population soit vaccinée. Cela s’appelle la couverture vaccinale.
Se faire vacciner, comme tenir à jour son antivirus, est un acte citoyen pour l’ensemble de l’humanité.

Mais ce bénéfice est invisible : il protège contre quelque chose qui ne nous atteint pas. En revanche, on lui cherche sans cesse des poux via les effets indésirables qu’il pourrait provoquer.

 

Effets désirables, mais pas indésirables

Nous qui n’hésitons pas à nous indigner face à la protection de nos données, et à sans cesse upgrader notre système informatique, pourquoi tant de réticences quand il s’agit de notre immunité ?
Information et désinformation vont souvent de pair, l’ennemi du bien étant toujours le mieux.

Aujourd’hui, l’efficacité vaccinale (chiffres OMS) n’est plus à démontrer, plus de 90 ans d’utilisation, des millions de gens vaccinés. Pourtant les vaccins ont été incriminés de bien des maux. Entre 1970 et 1990, par exemple, les courbes des nourrissons vaccinés contre la coqueluche et celle des morts subites semblaient tellement corrélées, qu’on a accusé le vaccin d’être responsable…. En réalité, dès 1986, à la suite de la recommandation des professionnels de coucher les nouveau-nés sur le dos (et non plus sur le ventre), les morts subites ont diminué en flèche. Le vaccin n’y était donc pour rien.

 
 

Un peu plus tard en 1998 une étude scientifique faisait un lien entre vaccin contre la rougeole et trouble autistique. Il a été démontré que les résultats avaient été falsifiés pour être utilisés dans un procès contre un laboratoire pharmaceutique… mais le doute était semé (source : Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française).
À l’heure actuelle, aucune étude, scientifiquement prouvée, n’existe sur un lien quelconque entre vaccin et autisme ou sclérose en plaques, ou maladie auto-immune ou toxicité des adjuvants ou danger des vaccins combinés.

Quant à l’argument de favoritisme de l’industrie pharmaceutique, cette dernière n’a nullement besoin de la vaccination pour assurer ses bénéfices. Les médicaments des maladies dites chroniques (diabète, hypertension…) et les antidépresseurs sont bien plus rémunérateurs ! Si l’on regarde la liste des 10 médicaments les plus vendus, aucun vaccin n’y figure, et ces derniers ne représentent que 1,9% du chiffre d’affaires des laboratoires (selon le LEEM).
Par ailleurs ces vaccins pour les développer, il a bien fallu des recherches ? Des essais ? Des améliorations ? Des tests cliniques ? Le développement d’un vaccin est un parcours long et sensible qui parfois n’aboutit pas. Plusieurs solutions sont testées sans avoir la certitude qu’une seule verra le jour. N’est-il pas normal que ces investissements aient un juste retour par la vente de la solution ?

Dernier exemple d’argument contre la vaccination des nouveau-nés : elle affaiblirait grandement leur système immunitaire qui est bien trop fragile.
Dès les premières semaines après la naissance le nourrisson élimine les anticorps maternels, alors qu’il a déjà commencé ses échanges avec son environnement. Il doit donc les remplacer et construire son immunité. Une étude menée par des chercheurs américains en 2002 montre que si 11 vaccins étaient administrés en même temps à un enfant en bas âge, environ 0,1% de son système immunitaire serait épuisé ! Autant dire qu’il lui en reste suffisamment pour se protéger des nombreux bisous pleins de microbes de tous ses proches venus le rencontrer!
La vaccination en France représente 10 injections sur 2 ans (loin des 11 simultanés), aux États-Unis un enfant peut recevoir jusqu’à 20 vaccins avant 2 ans avec parfois 5 injections lors d’un rendez-vous…. 

 
 
 

Vaccination : obligation ou recommandation telle est la question…

La sacro-sainte liberté individuelle est mise à mal par la notion d’obligation. Mais cette dernière semblerait plutôt être un élargissement temporaire de l’obligation vaccinale afin d’assurer le fameux seuil de protection pour les maladies qui ne manquent pas de ressurgir dès que la population est moins immunisée.
Entre janvier et juillet 2017 par exemple, on dénombre pas moins de 9387 nouveaux cas de rougeole en Europe (en 2016: 5194 cas). Quand on sait que la rougeole peut provoquer des atteintes graves du poumon, des complications neurologiques et parfois la mort, on comprend qu’il est aujourd’hui important d’augmenter la couverture vaccinale de la population pour s’en protéger.

Les idées fausses ont la vie dure : la population pense que seulement 1/4 des petits français est vacciné totalement. En réalité, 70% ont reçu les 11 vaccins obligatoires et 80% au moins 8 d’entre eux.
Point positif chez nous en Occitanie (Baromètre Santé 2016 de L’INPES) : seulement 1 personne sur 10 est totalement défavorable à la vaccination, et 75% favorables à la vaccination générale.

Vaccination : parlons-en

Tout comme il a fallu lors du développement des virus informatiques expliquer comment s’en protéger, il est important aujourd’hui d’informer tout citoyen sur la vaccination. Cette pratique devenue banale souffre d’un climat de méfiance à l’égard des choses imposées. Contrairement aux pays comme la Suède où 9 vaccins sont recommandés et 96% des enfants vaccinés, la France doit l'imposer pour obtenir une couverture vaccinale correcte.
En parallèle de cette pratique, il est important : de communiquer pour rappeler les risques de ces maladies infectieuses oubliées depuis la vaccination; de publier des articles accessibles, vulgarisés, sur l’efficacité et la non-dangerosité des vaccins; et de promouvoir la notion de protection de groupe en s’appuyant sur des preuves scientifiques.
À l’heure de la communication 3.0 réapprenons à parler entre professionnels de santé, scientifiques, responsables des autorités et citoyens.

Pour que l’expression « C’est bon, je sais ce que je fais, je suis majeur et vacciné ! » ait encore de beaux jours devant elle et témoigne la maturité de la personne qui la prononce… Laissons-nous piquer !

 
 
 
 

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